Un arbre qui lutte

L’arbre a tendu la main

Cri de l’écorce.  

            De la sève

Résonnance sèche

L’écho n’a rien pris

au vent éteint

Rien

En silence l’arbre écrit

            La solitude

                        Et le béton

Rien

L’arbre danse de son tronc maigre 

Une sinueuse offrande

            Branches lisses, vulnérables

Quelques feuilles guettent

            Au bout

            Là où le geste du bois se meurt

Le bruit de la ville noie le soleil

Le bêton serre

Le ciel s’étouffe

Rien ne reste d’autre

Qu’une vie 

            Qui lutte

Voeux

Et il y a toujours cette incertitude du matin
de ce que sera le jour, sa couleur, sa musique…
Quel souffle emportera le feuillage de nos peurs,
les entailles de nos doutes ?

Rien n’est écrit sur l’écorce creusée
juste la trace de la nuit sur les lèvres de son bois
juste le geste effréné des branches vers le jour
juste l’insolente mélopée des feuilles sous la brise.

Sous le couvert de l’aube, la danse des ombres inconnues
ouvrira nos voix, dessinera nos pas
comme le sifflement des nuages emportés par la sève.

Et dans sa course, la rivière portera une douceur
à la joie de nos rires, à nos mains enlacées,
à la lumière ajourée de nos silences,
aux accents acidulés, tenaces, cocasses aussi, de nos amitiés,
à la méticuleuse audace de nos tendresses,
à l’élan inestimable, improbable, imprévu de nos amours
encore et encore malgré tout!

Belle route au long de 2020….

Lire

Je déploie lentement mes jambes croisées. Mon regard se lève. Il caresse le mur, là, au fond du salon. Chacun de vous a suspendu son attente, sentant mon attention courir de l’un à l’autre. Je peux presqu’entendre vos appels, vos espérances… Il y a comme un bruissement de l’envie, un envol, une aube…

Je savoure cet instant indéfini, cet imprévisible possible. Je le fais même durer. Guettant quand l’impatience de l’appel prendra le dessus, de choisir l’un d’entre vous.

Aujourd’hui, j’irai vers l’égaré. Installé, non… Lire la suite

Aujourd’hui (nouvelle)

Aujourd’hui, rochers noirs et mer de soie.
Aujourd’hui je l’ai rencontrée. Isolée et calme, avenante et débordante, cachée et déployée, … j’ai rencontré mon île. Entre couleurs salées et odeurs chatoyantes, sable fluide et vagues filantes, j’ai trouvé ma place, mon cocon, mon refuge. C’est à moi, pour moi. Je ne veux rien d’autre et surtout, personne d’autre !
Merci.

Aujourd’hui, sable endormi et mer de feu.
Aujourd’hui, j’ai goûté l’aube naissante. Voir le soleil percer de la mer, pousser pour naître, nourrir de lumière la terre attentive,  a posé comme une braise en moi. Le jour qui m’attend me fait un peu peur. Et si je suis honnête, c’est surtout de moi que j’ai peur.
Allons.

Lire la suite

Un jardin extraordinaire

DSC_1193 - Version 3

Raideur mécanique d’une nurse amidonnée, poussant d’un pas militaire le landau à grosses roues. Le sable écrasé à chaque pas supporte stoïquement, sans murmures et sans cris. Y a-t-il autre chose à faire ?

Le banc aux rondeurs de bois et à la peinture écaillée, rêvasse de ses splendeurs d’antan. Il voit avec épouvante s’approcher trois bonnes grasses grand-mères aux beaux gros bras blancs qui croquent trois gros radis. Ses lattes grincent sous le poids, mais il se tait. Y a-t-il autre chose à faire ?

Le buis qui longe le chemin a encore les branches endolories de la taille d’hier. Où sont les fragiles petites pousses qui s’échappaient de la haie ? En sac, en poubelles, en fumée ? Tout doit donc être taillé, rectifié, ajusté, aligné, contrôlé ? Le buis soupire. Y a-t-il autre chose à faire ?

Rien sans doute, ou alors, quand tous ces importuns sont partis et que Vasco le gardien ferme les grilles pour la nuit …

Ce soir, Vasco a fermé le parc sans voir que nos trois grands mères étaient toujours là, passées du banc aux fourrés pour mieux papoter. Leurs beaux gros bras blancs animés d’une danse singulière au rythme des mots au débit ininterrompu. Prises dans le flot de paroles, elles n’ont rien vu, quand soudain…

Le buis s’est étiré en baillant, le sable a soufflé ses grains en une danse, le banc a souri, le tilleul a chatouillé le chêne, les rosiers ont rangé leurs épines, les canards ont dressé la table. Un parfum de lilas, une musique de renoncule, un gâteau de murmures, une corbeille de soleil couchant, des pétales à croquer, des trilles pour danser, parfum de fête, parfum de liberté.

Et voilà nos trois grands mères aux beaux gros bras blancs, embarquées bien malgré elles dans la fête. Sans coup férir, l’une a enlacé le tilleul pour une danse chaloupée, l’autre a lancé une sérénade soutenue par les cygnes et la troisième a sorti timidement de son sac, les gros radis qu’il lui reste pour que d’improvisée, la fête soit partagée.